La culture en danger

Le monde des arts et de la création a compté parmi les premiers impactés par la crise du COVID. Mis à l’arrêt dès début mars et fortement impacté par des contraintes sanitaires qui ont bouleversé toute la chaîne économique entre deux confinements.

Pire, le pays a vu resurgir un vieux débat : la culture est-elle essentielle dans un pays où les magasins d’informatique et téléphonie restent ouvert mais où la vente de livres en boutique (hors des retraits de réservations) est interdite ? Dans ce contexte, ce sont les géants du net ou Gafam (Google, Amazon, Facebook…) qui se présentent comme les grands gagnants de la crise avec la capacité à pénétrer dans tous les foyers et sur tous les écrans. Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde, le tout puissant patron d’Amazon a vu son chiffre d’affaires exploser à +40% en 1 an à la faveur de la crise sanitaire sous la protestation de gouvernements trop timides pour être audibles.

En France les industries culturelles pèsent près de 50 milliards d’euros dans le PIB. La seule annulation des festivals estivaux a provoqué une perte de 2 milliards d’euros. Et toute la chaine économique, si diverse, est durement touchée. Or les aides annoncées par le gouvernement sont à ce jour plus qu’insuffisantes. D’autant que l’enjeu dépasse de loin la seule sphère économique. L’accés à l’éducation, à l’information, aux arts et à la culture sont des besoins majeurs pour l’émancipation individuelle comme pour faire société. Pour favoriser la vie des idées et faire reculer l’uniformisation morbide voulue par les puissances d’argent notamment les géants du net  pour la plupart issus d’un pays, les Etats-Unis, qui a compris et théorisé depuis longtemps le « soft power ».

« Si le monde était clair, l’art ne serait pas. » disait Albert Camus. Face aux crises sanitaire, sociale, économique, écologique, face aux obscurantismes qui s’étendent tragiquement nous avons plus que jamais besoin des arts et de la culture. C’est un enjeu de civilisation. Dans toute la France les communistes et leurs élu.e.s se mobilisent avec les acteurs culturels, avec les artistes déjà si souvent touchés par la précarité et confrontés à de nouvelles difficultés considérables.

La ville de Nantes s’est par exemple rapidement mobilisée avec des avances de subventions, avec le maintien de toutes les aides même lorsque les évènements programmés n’ont pas pu avoir lieu, avec un fonds de soutien de 1 million d’euros qui a déjà été consommé. Et nous savons que le plus gros de la crise est devant nous. Les artistes et l’ensemble des acteurs culturels doivent pouvoir compter sur le soutien de leurs élus, sur le soutien des pouvoirs publics, sur le soutien du plus grand nombre aux mobilisations qu’ils engagent. L’heure est à la mobilisation générale. Nous en serons !

Aymeric SEASSAU, Adjoint au maire de Nantes
En charge de la culture