La Poste déserte les territoires : De moins en moins de bureaux
Qu’ils soient urbains, péri-urbains ou ruraux, l’ensemble des territoires de France sont impactés par la fermeture de bureaux de poste et par la disparition du Service public postal. C’est un coup dur pour l’aménagement du territoire, pour les entreprises, pour les établissements scolaires et pour tous les usagers du service public du courrier, des colis, mais aussi pour celles et ceux qui ont un compte chèque postal, un livret A, ou qui tout simplement vont tous les mois chercher leur allocation sociale à La Banque postale.
En Loire-Atlantique, la direction de La Poste a annoncé 34 fermetures en cours ou à venir. C’est le choix surprenant de la commission départementale de présence postale territoriale (CDPPT), qui tous les trois ans formule ces avis et gère le fond de péréquation censé garantir la présence territoriale du service public postal. Cette commission est composée par des représentants du groupe La Poste et des élus locaux. Pourtant, de nombreuses mobilisations populaires locales contre les fermetures font l’actualité, les élus locaux et des élus parlementaires y participent, au-delà des clivages politiques.
Alors, qui décide réellement de la stratégie de La Poste, un groupe à capitaux publics détenu par l’État et la Caisse des dépôts et consignations ? Sans aucun doute l’État, appuyé par la Cour des comptes, lancé dans la baisse des dépenses publiques. Ainsi, 7 à 10 000 emplois de postiers ont été supprimés tous les ans ces dernières années. Une véritable saignée de l’emploi statutaire, bien souvent remplacé par les missions intérim ou les CDD. Et les usagers en souffrent : le personnel postier, ce ne sont pas seulement des chiffres et des taux de rentabilité, c’est aussi du lien social, de la présence humaine.
Pour compenser ces fermetures, la direction de La Poste prétend maintenir le service dans les communes ou les quartiers concernés, via les agences postales en Mairie ou les relais commerçants. Mais est-ce aux collectivités de pallier aux désengagements de l’État ? Est-ce que le métier de commerçant est compatible avec la mission de service public ? Rien n’est moins sûr. La stratégie de La Poste a aussi des conséquences politiques puisque il est démontré que le sentiment d’abandon, lié à la disparition de services publics, amplifie le vote pour l’extrême droite.
D’autant que La Poste a des obligations en tant que prestataire du service postal universel. Et le Contrat de présence postale territoriale signé pour 2023-2025 avec l’État prévoit des subventions publiques d’environ 1 milliard d’euros (800 millions pour le service postal universel et 177 millions pour la mission d’aménagement du territoire). Et le groupe ne se porte pas si mal : en 2024, il a réalisé 1,4 milliards d’euros de résultats nets, 514 millions en 2023, 1,2 milliard en 2022 et 2 milliards en 2021.
La Poste doit donc répondre à ses missions de service public et sortir du mode de gestion d’une entreprise privée. Le groupe La poste s’est d’ailleurs engagé à répartir les ressources économiques disponibles en fonction des besoins différenciés entre les territoires, en zone rurale, en zone de montagne, dans les quartiers prioritaires des villes ou dans les Outre-mer. Il s’agit donc d’une mission républicaine pour garantir l’égalité des territoires. Et de cela l’État est responsable.