Budget de la ville de Nantes 2018

Madame le Maire, Cher-e-s collègues,

Ce budget prévisionnel 2018 confirme les choix politiques de notre majorité de gauche. Il s’inscrit dans le respect des engagements pris en 2014 devant les Nantaises et Nantais. Oui, nous voulons construire au quotidien la ville solidaire, ouverte, active, durable, la ville pour toutes et tous pour laquelle nos concitoyennes et concitoyens nous ont donné mandat.

Au delà des dépenses utiles au fonctionnement qui s’élèvent à 360 millions d’euros, notre programme d’investissement est de nouveau conséquent avec plus de 70 millions d’euros. Il doit nous permettre d’atteindre le volume global d’environ 480 millions sur le mandat, c’était , au cœur de la crise économique et social un objectif en soi… Il s’inscrit naturellement dans le financement de nos priorités : l’Éducation, la Petite Enfance, l’Innovation, la Santé, la Culture, le Logement et l’emploi. Sans développer l’ensemble du programme d’investissements 2018, permettez-moi d’en souligner trois éléments :
Notre priorité demeure l’éducation. Les conditions d’accueil des élèves sont un des éléments clef de la réussite. Aussi, ces investissements contribuent à la mise en œuvre de notre projet éducatif de territoire qui veut favoriser la réussite de tous en réduisant les inégalités, assurer la cohérence et la qualité de l'offre éducative sur tous les temps de l'enfant, et renforcer la continuité éducative en direction des adolescents en créant les conditions de l'exercice de la citoyenneté. Avec 13,4 millions, nous poursuivons notre programme de rénovation, d’extension, de mise aux normes, de constructions de bâtiments scolaires et l’acquisition de mobilier, de matériels pédagogiques, de développement du numérique. Pour mieux réussir, nous formulons la proposition de la mise en place d’un observatoire des inégalités sociales et scolaires.

Alors que le contexte particulièrement tendu conduit de très nombreuses collectivités à sacrifier des événements, des festivals, des équipements culturels publics, notre majorité engage 4,4 millions d’euros en faveur de la culture, avec ce beau projet de « Libre Usine » à Malakoff et nous continuons d’investir dans notre réseau de lecture publique, comme à la médiathèques Floresca Guépin qui rouvrira Mardi avec des espaces repensés et une offre numérique renforcée.

Enfin, je veux souligner un engagement supérieur à 4 millions pour les jardins familiaux, les aménagements des parcs et squares, la poursuite des travaux Iles de Versailles, aux Capucins, la rénovation des serres du Grand Blotterau, entre autre… parce que nous croyons au bien vivre en ville et que nous partageons l’inflexion forte donnée par Johanna Rolland sur la nature en ville depuis le début du mandat.

Avec 4,7 années d’endettement, ces investissements importants respectent une stratégie financière qui vise à préserver des marges de manœuvre en terme d’autofinancement et de recours à l’emprunt. Ils sont, par ailleurs, une contribution directe à l’emploi, à création de biens publics, à la réponse aux besoins humains plutôt qu’à l’appétit sans fin des marchés financiers. Et pourtant, nous abordons ce budget avec gravité. L’État confirme sa volonté de réaliser 13 milliards d'euros d'économies sur les collectivités territoriales et de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires. Rappelons que la dette des collectivités ne représente que 8% de la dette totale de la France. Dans le même temps et malgré le contexte budgétaire contraint ces même collectivités représentent encore, 70% de l’investissement public de ce pays. Rappelons aussi que nous sommes tenus par la loi à l’équilibre budgétaire et que nos emprunts (et la situation de la ville est saine de ce point de vue) ne servent qu’à financer des investissements, contrairement à l’État.

Que penser, dès lors, de la nouvelle « contractualisation » qui nous est imposée pour encadrer l’évolution de la dépense publique locale à un taux annuel de 1,2%, inflation comprise, et contraint le recours à l’emprunt. L’encadrement passera par la contractualisation forcée, le contrôle et la sanction financière. Autant le dire clairement, et c’est ce qu’ont fait ensemble le groupes de la majorité municipale, dans leur diversité : Nous n’en voulons pas. D’une part, nous constatons qu’avec une hausse de 3,1% de nos dépenses de fonctionnement, nous n’entrons pas, à juste raison, dans le carcan imposé de cette nouvelle règle budgétaire.

D’autre part nous considérons cette mesure comme une grave attaque à l’égard des collectivités territoriales. C’est une remise en cause des lois de décentralisation qui ont fait du droit des collectivités à s’administrer librement le fondement de la République. Si ce n’était si grave, il y aurait quelque chose de cocasse à observer que, concernant le rapport entre l’État et les collectivités le nouveau monde et son président jupitérien proposent rien moins qu’un retour à la France d’avant les grandes lois de décentralisation de 1982 en remettant au goût du jour le contrôle par l’État des comptes des principales collectivités. Tenace, finalement, le vieux monde et ses fantômes.

Quand à la confirmation de la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires, soit 24 000 postes par an pendant 5 ans, c’est tout simplement le plus grand plan social de ces dernières années. Et je souhaite bien du courage aux tenants de ce « plan de départ volontaire » dans la fonction publique. Nicolas Sarkozy avait déjà essayé avec un grand succés, puisque seulement six fonctionnaires de l'État sont volontairement partis en 2009. Plus récemment, en 2016, la région Ile-de-France a ouvert un plan de départs :16 volontaires, la ville de Lyon 4, la ville de Poissy 3... (Source France 2) Les fonctionnaires ne veulent pas abandonner leur poste et ils ont raison. Alors que le pays semble redécouvrir la neige en hiver, il conviendrait plutôt de saluer l’engagement de ces hommes et de ces femmes qui passent leur nuit sur les routes afin de permettre à tous de circuler sans danger.

Non, la fonction publique n’est pas une variable d’ajustement, c’est une formidable richesse au service du bien commun. D’ailleurs les français en sont visiblement conscients puisqu’ils sont 54 % à soutenir les mouvements sociaux des personnels des hopitaux, des EHPAD, des prisons… Ils sont 78 % à penser que la politique du gouvernement profite aux chefs d’entreprises contre seulement 44 % à penser qu’elle profite aux fonctionnaires et 29 % à penser qu’elle profite aux ouvriers et employés. Ça doit être vrai, je l’ai lu il y a une semaine dans un excellent quotidien national qui s’appelle Le Figaro.

Et bien non, à Nantes nous ne nous inscrivons pas dans cette trajectoire quand nous faisons le choix d’embaucher dans l’éducation, dans la police municipal, dans les bibliothèques demain. Bien sur, d’autres choix sont possibles pour les gouvernements européens. En augmentant les salaires, en revenant sur les coupes dans les services publics… Le Portugal a ramené son déficit de 4,4% à 2,1% en 2016 et probablement à 1,5% cette année pendant que la France a péniblement abaissé son déficit de 3,4% à 3,3% en 2016. Encore faut il, pour cela, constituer une majorité d’union de la gauche et des écologistes.

Pendant ce temps, je serai tenté de dire « en même temps », en France, l’OCDE relève que "L'année dernière, les 10 % les plus riches détenaient plus de la moitié des richesses nationales quand les 50 % les plus pauvres se sont partagés seulement 5 %. Au sommet de la pyramide la richesse des milliardaires français a été multipliée par trois en 10 ans et 32 milliardaires français possèdent désormais autant que les 40 % les plus pauvres de la population française » fin de citation.

Cette société où les inégalités se creusent, nous n’en voulons pas. Voilà pourquoi nous sommes pleinement engagés à Nantes, pour œuvrer aux rassemblements nécessaires à gauche. Voilà pourquoi nous restons vigilants à ce que nous puissions mettre en œuvre le programme pour lequel les nantaises et les nantais nous ont élu. Voilà pourquoi nous avons versé au débat des propositions nouvelles pour faire face aux situations nouvelles qui se font jour depuis notre élection.

Vous pouvez compter, madame le maire, chers collègues, sur notre détermination.

Merci de votre attention